Quand j’ai cessé de forcer les choses
Tu te souviens peut-être…
Dans un billet précédent, je te parlais de 2016. De cette course à pied, de cette question tombée du ciel — Pourquoi je vis, au juste? — et du grand lâcher-prise qui s’en est suivi.
J’avais décidé de démissionner. De ralentir. De revenir à l’essentiel.
Pas de plan de carrière, pas de stratégie à long terme. Juste un besoin vital de m’apaiser.
J’avais dit: trois jours semaine. Pas plus. De quoi payer les factures.
C’est tout ce que je demandais.
Et je croyais vraiment que ça s’arrêterait là.
Mais parfois, quand on fait un vrai espace en soi, la vie se réorganise autour.
Pendant mon retour progressif, une ancienne collègue m’a recontactée.
Elle m’avait déjà tendu la main quelques mois plus tôt, mais je n’étais pas en état de répondre. Là, elle revenait. Elle insistait. Et même si je n’étais pas en recherche, j’ai accepté de l’écouter.
Elle me parle d’un mandat. Un projet TI. Un poste de contrôleur de projet. Quelque chose que je savais faire. Mais dans ma tête, j’étais ailleurs. Ce que je voulais, c’était protéger ce que je venais de retrouver.
Alors, je lui ai dit la vérité, tout simplement: Que je sortais d’un arrêt, que je voulais travailler trois jours par semaine et que je ne pouvais pas me permettre de me surengager.
Elle m’a regardée et m’a dit: Je prends.
J’ai quand même rencontré le chargé de programme. Je n’étais pas stressée. Je n’avais rien à prouver. Rien à perdre non plus. Je savais ce que je voulais, et pour une fois, je n’étais pas prête à déroger.
Ils m’ont dit qu’ils ne pouvaient pas m’embaucher comme employée. Il fallait que je sois travailleuse autonome.
Je n’y avais jamais pensé sérieusement, mais je me suis dit: pourquoi pas. J’ai sauté.
Et là, sans que je m’y attende, tout a basculé.
J’ai eu exactement ce que je voulais: trois jours semaine. Mais ce que je n’avais pas anticipé… c’est que j’allais doubler mon revenu.
Je n’avais aucune idée de ma valeur sur le marché à ce moment-là. Je n’avais pas de référence. C’est cette collègue qui m’a fait une proposition. Un tarif que je trouvais exagéré. Je lui ai même dit: le chargé de programme ne dira jamais oui.
Il a dit oui.
Et quelque chose s’est réaligné profondément en moi.
J’ai compris que ma valeur n’était pas liée à mes heures, ni à ma disponibilité, ni au niveau d’intensité que j’étais prête à offrir.
J’ai compris qu’on pouvait être choisie, même quand on choisit d’aller moins vite.
Et qu’il existe des espaces où notre rythme peut être respecté.
Ce jour-là, j’ai découvert une vérité qui ne m’a plus jamais quittée:
On peut travailler moins et gagner plus.
On peut être écoutée, même quand on ne crie pas.
Et on peut recevoir, même quand on ne cherche plus à tout contrôler.
C’est pour ça que je te raconte ça aujourd’hui.
Parce que, souvent, on a peur de dire non.
On craint d’être trop exigeante.
On se dit que, si on ne fait pas d’efforts, rien n’arrivera.
Mais parfois, c’est quand on arrête de forcer que tout commence à s’ouvrir.
Je ne dis pas que c’est facile. Mais je peux te dire que c’est possible.
Et peut-être que, toi aussi, tu es à un moment où tu as besoin de te rappeler que tu peux poser tes conditions. Que tu peux nommer tes limites. Et que ta valeur ne diminue pas quand tu choisis de ralentir.
Alors, si jamais une opportunité cogne à ta porte pendant que tu es encore en train de te reconstruire, n’aie pas peur de lui répondre depuis l’endroit où tu es. Pas celle que tu étais avant. Pas celle que tu crois devoir être.
Juste toi, maintenant.
Et regarde ce que ça crée.
À très bientôt,
Audrey