Le pouvoir de ne pas abandonner
Il m’est arrivé de vivre une période plus intense au travail. Tu sais, ces moments où chaque pas demande un effort supplémentaire, où l’élan qu’on avait semble freiné par une résistance invisible. Rien n’allait mal en soi, mais tout me demandait plus. Et dans ce tumulte intérieur, une citation m’est revenue en tête. Une de celles qu’on n’oublie pas vraiment, même si on ne l’a pas relue depuis des années.
Elle m’est revenue d’un endroit inattendu: le dojo de karaté de mes enfants.
Pendant des années, chaque semaine, je les accompagnais à leurs cours. Et juste à l’entrée, une banderole affichait cette phrase:
« Une ceinture noire, c’est une ceinture blanche qui n’a jamais abandonné. »
Cette citation m’a replongée dans une réflexion sur la persévérance. Ce mot qu’on entend souvent, mais qu’on expérimente parfois dans sa version la plus brute, quand rien ne semble fluide. La persévérance, ce n’est pas avoir toutes les réponses. C’est continuer d’avancer, même quand le vent souffle fort et que la direction semble incertaine. C’est mettre un pied devant l’autre avec confiance… ou parfois juste avec courage.
Et ça m’a fait du bien de me rappeler que toutes celles et ceux qu’on admire, tous ceux qui sont devenus « ceinture noire » dans leur domaine, ont d’abord été des débutants.
Qu’il n’y a pas de raccourci. Que le talent compte, oui, mais que ce qui fait vraiment la différence, c’est ce choix — souvent discret, jamais spectaculaire — de ne pas arrêter.
Mais attention. Persévérer, ce n’est pas s’acharner.
J’ai aussi pris un moment pour distinguer les deux. Parce qu’on valorise beaucoup la persévérance, et parfois on tombe dans le piège de croire qu’il faut continuer à tout prix. Mais l’acharnement, pour moi, c’est quand on s’entête dans une direction qui ne nous nourrit plus. Quand on force quelque chose qui, au fond, ne nous fait plus grandir. La persévérance, elle, est plus fine, plus douce. Elle sait s’adapter, ralentir, changer de rythme, ajuster sa trajectoire… tout en gardant le cap sur ce qui compte vraiment.
Et dans les dernières semaines, même si le chemin était plus raide, j’ai continué.
Un pas à la fois.
J’ai eu envie d’arrêter, par moments. Mais je suis restée alignée à ce que je voulais profondément. Et aujourd’hui, quand je regarde ce que j’ai traversé, ce que j’ai appris, je ressens quelque chose d’encore plus précieux que le soulagement: de la fierté.
La fierté d’avoir tenu bon. D’avoir écouté ma boussole intérieure. D’avoir avancé, même lentement.
Alors, si toi aussi, tu vis un moment où c’est plus lourd, où tu doutes, où tu ne sais plus trop si ça en vaut la peine, peut-être que cette phrase t’éclairera comme elle m’a éclairée:
Une ceinture noire, c’est une ceinture blanche qui n’a jamais abandonné.
Continue. Ralentis s’il le faut. Repose-toi. Recalibre.
Mais surtout: n’arrête pas.
Parce que tu es peut-être beaucoup plus proche que tu ne le crois.
Barbara